lundi, mai 21, 2007

Pérégrinations intellectuelles & dissidentes Italiennes

Quand le climat intellectuel hexagonal devient par trop nombriliste et pesant, tel qu’en ce moment («l’anti-sarkozisme » post-soixantuitard revanchard versus le « sarkozisme » débridé, la grande querelle franchouillarde plombant tous les débats du moment…), j’ai coutume d’en profiter pour aller explorer chez nos voisins les lieux ou la pensée y ‘est plus alerte et plus dissidente; il est fréquent que mes pas me dirigent alors de l’autre coté des Alpes, ou il est rare que mes attentes ne soient pas comblées, et que je n’en revienne pas les valises chargées de précieuses productions, tels les deux remarquables essais présentés ci-dessous.


« Il migliore dei mondi possibili. Il mito della societa dei consumi » par Carlo Gambescia (Settimo Sigillo, 2006)
Dans cet ouvrage très dense qui s’ouvre sur une brillante étude anthropologique des besoins humains (chap.I « Non di solo pane ») et sur une archéologie de ce modèle (Chap.II « Il peso della storia ») , le sociologue Carlo Gambescia établit une critique argumentée et érudite de cette société de consommation qui nous impose dorénavant ses mythes et ses valeurs – toutes marchandes; il y met parfaitement en lumière les raison de sa métamorphose : si elle fut à son origine perçu comme étant oppressive et totalitaire par le monde intellectuel, elle est présentée maintenant comme étant le modèle exclusif de la liberté, inatteignable par la critique, et véritable réalisation du Pays de Cocagne (d’où le détail, en couverture, du tableau de Pieter Brueghel « Le Pays de Cocagne » ou l’on voit les poulet déjà rôtis sauter d’eux même dans le plat !). L’épilogue de l’ouvrage, optimiste, nous propose quelques orientations pour dépasser ce type d’organisation sociale basé sur le primat de l’économie, et vis-à-vis duquel on voudrait nous faire croire qu’il n’existe pas d’alternative raisonnable. Une lecture capitale dont malheureusement il n’existe pas de traduction française.

Rappelons que mon ami Carlo Gambescia est l’auteur d’un blog (en Italien) d’analyse et de réflexion métapolitique d’un très grand intérèt : http://carlogambesciametapolitics.blogspot.com/


« Il Ribelle. Dalla A alla Z » par Massimo Fini (Marsilio Editori, 2006)
Composé sous la forme commode d’un dictionnaire, ce livre retrace trente d’activité militante d’un des intellectuels les plus turbulents d’Italie, l’écrivain et journaliste Massimo Fini. Cette somme compact reprenant les différentes thématiques abordées dans ses ouvrages précédents tels que « Il vizio Oscuro dell’Occidente. Manifesto dell’antimodernita » ou « Sudditi. Manifesto contro la democrazia » – entre autre la critique virulente de la globalisation, du libéralisme économique et de ses méfaits ou celle de la démocratie représentative- présente la vue du monde originale, complète et cohérente de ce sympathique penseur dissident. Pour mieux connaître la bio-bibliographie de l’auteur et son actualité, je renvoie le lecteur sur son
site officiel et sur le site du Movimento Zero, mouvement inspiré par son Manifesto dell’antimodernita

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